Il faisait des années supplémentaires
Sur terre
Il avait bu des océans cul-sec
Avec
Des moins ivrognes déjà morts
Des éternels changeurs de bord
Sûr qu'il prenait la bouteille au sérieux
Le vieux
C'était un philosophe de village
Sans âge
Qui réclamait en mai soixante-huit
La suite
Juste après les révolutions
Sur les pavés y a du goudron
Mais il n'a pas désarmé pour si peu
Le vieux
Il disait que tout s'allume
Mais encore faut-il qu'on le voie
Quand le doigt montre la lune
L'imbécile regarde le doigt
Il adorait toujours serrer des mains
D'humains
Sans ignorer qu'elles le montraient parfois
Du doigt
Il savait que la trahison
Construit au traître sa prison
Il apportait des oranges aux envieux
Le vieux
Il s'était perdu dans des Pearl-Harbour
D'amour
Mais il avait gardé comme un trésor
A bord
Une noyée de sentiments
Qui ne comptait que deux amants
Dont il était peut-être l'un des deux
Le vieux
Il disait que la coutume
Doit faire avancer l'avenir
Quand le fer frappe l'enclume
L'imbécile forge un souvenir
Il vieillissait avec une telle envie
De vie
Que sur son front il n'y avait pas d'idées
Ridées
Que sa patience et sa passion
Se mélangeaient à l'unisson
Devant le vide il avait comme un creux
Le vieux
Quand il est mort il avait bien cent ans
Pourtant
Son âme tendre disait à son corps
Encore
Quand il a débarqué là-haut
Entre un tonnerre et un tonneau
On ne sait pas s'il a rencontré Dieu
Le vieux
Il n'est pas mort pour des prunes
Car à chaque fois qu'il envoie
Ses messages de Saturne
L'idiot met l'anneau à son doigt
Il y a des ombres qui font la lumière
Sur terre...