Derrière lui ils courent
Nombreux et noirs, haletants
Sur sa nuque raide
Leur haleine de viande et de sang
Assemblée compacte
Grouillante
Leurs membres se heurtent et se mêlent
S'accrochent à la terre
L'homme sait leurs gueules béantes
A avaler le monde
Les larges brèches
De leurs sourires jaunes
Il sait leurs yeux orange
Leur fourrure poisseuse
Sur leurs flancs tièdes, les déchirures
La peau rose qui affleure par endroits
Perçant leurs ventres noirs
Qui frôlent la terre
L'homme sait qu'ils flanchent parfois
Sur leurs pattes griffues et grêles
Qu'ils trébuchent et souvent s'affaissent
Dans la neige boueuse
Mais il sait aussi qu'ils sont si nombreux
Que d'autres les piétineront pour continuer la course
Il court
Les mains bleues qui battent l'air
Les yeux au ciel et la poitrine brûlante
C'est près d'un arbre qu'enfin l'homme se couche
Le seul arbre sur cette terre sèche
Il étend son corps maigre
A la pâleur de racine
Près d'un arbre pour ne pas être seul
A les attendre