Je l'appellerais Antonio Carlos Maria Bresil.
Il aurait plein de sel sur la peau, sur les doigts, sur les cils.
C'est l'enfant qui dort dans mes rêves. Se réveillera-t-il?
Je ne le sais pas.
Il danserait pieds nus sur les couteaux brillants de la mer,
dans la pluie équatoriale d'un piano noir de concert.
C'est l'enfant de mes rêves, il naîtrait sans passé, sans regrets,
et libre déjà.
Il est encore en exil dans ma mémoire.
J'imagine son profil et son histoire.
Je sais que mon rêve a son état civil.
Je l'appellerais Antonio Carlos Maria Bresil,
et nous irions nous cacher dans le labyrinthe des îles.
C'est l'enfant du soleil et du rythme secret de mon sang.
Je l'entends déjà.
Il jouerait d'une flûte en roseau comme un nouveau Dieu Pan.
Il prendrait des poissons rien qu'avec ses chansons dans le vent.
Dans le sable il découvrirait des paillettes de diamant,
et il danserait.
Il est encore en exil dans ma mémoire.
J'imagine son profil et son histoire.
Je sais que mon rêve a son état civil.
Je l'appellerait Antonio Carlos Maria Bresil.
Sans même s'en apercevoir, il traversait les villes.
Dans toutes les cités mortes il ranimerait les brasiers,
et on le suivrait.
Son rire ferait voler en éclats les murs des prisons,
et à pleines dents il mordrait dans les fruits de la passion.
On l'appellerait Antonio Carlos Maria Bresil
un jour, s'il venait.
Mais nous rencontera-t-il? Je veux le croire.
J'imagine son profil et son histoire.
Je sais que mon rêve est encore en exil.