Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Il est dans un petit patelin, quelque part
Comme c'est le seul qu'on puisse y dénicher
Malgré soi il faut bien y coucher
Y a pas d'garage... il faut ranger l'auto
Dans une étable entre une vache et un veau
Et, par les trous qu'il y a dans la toiture
Les pigeons déshonorent votre voiture
Dans votre chambre est un vieux lavabo
Mais le malheur c'est qu'il n'y a pas d'eau
Et pour se débarbouiller le matin
Faut descendre à la pompe du jardin
{Refrain:}
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Y a des souris qui trottent dans les placards
Heureusement que pour venir les chasser
Sous chaque port un gros chat peut passer
Dans votre lit y a des draps rapiécés
Et du sommier les ressorts sont cassés
Quand on s'retourne ça fait un tel bruit
Qu'on ose pas remuer de la nuit !
Comme dans la cour y a aussi la basse-cour
Un sacré coq vous réveille au petit jour
On se rendort, mais d'l'église à côté
Y a la cloche qui vous fait sursauter
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Dans la commode on y trouve des cafards
Y a pas d'rideaux, les volets ferment mal
Devant la fenêtre il faut mettre un journal
Mais le plus beau, c'est l'moment du repas :
Tout c'que l'on veut, c'est réglé, y'en a pas !
Si vous demandez une côtelette de mouton
L'on vous sert une omelette à l'oignon
Comme la fontaine est très loin dans l'pays
Et qu'la patronne, afin d'faire son frichti
Avec un seau va puiser dans une mare
Dans l'bouillon vous trouvez des têtards
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Dans le bistrot d'en bas y a un billard
Mais on n'peut pas y jouer parce que
Y a qu'une bille et ensuite y a pas d'queues
L'endroit discret n'est pas dans la maison,
Mais à côté d'la cabane au cochon,
Faut une bougie pour s'y rendre la nuit,
Et s'il pleut, faut prendre un parapluie
On quitte l'hôtel disant : C'est pas trop tôt !
Et dans l'étable on va chercher l'auto
Mais le petit veau, prenant ça pour du foin
De votre bagnole a bouffé les coussins
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Quand on y va, bien plus vite on en repart
Si par hasard, un jour vous y allez
Tout comme moi vous n'y reviendrez jamais