Ces mécaniques bien en jambe
Dans le temps qui se clôt
Ces statues bien huilées tremblant d'éternité
S'enfoncent dans ma nuit impavide et bornée
Et dans le noir profond de mon mur de silence
Je vais et je pense et je crie
Mon œuvre embastillée
Par leurs chiens mercenaires
Sur ton âme posée tout en haut de ma joie
Tombe en gouttes de sang
Comme un Apollinaire
Etranglé par les doigts sourds de Victor Jara
Je vais et je pense et je porte sur moi
Tous les malheurs du monde
Je suis cet enfant blond
Noir comme la misère
Cet Afghan égaré
Dans la banlieue du Caire
Machado mort de faim
Dans le métro Charonne
Et ma femme en furie
M'engueule au téléphone
Car pour le dîner
J'ai oublié, j'ai oublié...
Je vais et je pense et je me débats
Devant cette immense armée
De mes mots incompris
La parole en armure
Faite d'acier trempé
Par ces sanglots de haine
Et l'amour qui se brise
A ma lucidité
Avec pour ma chanson
Des phrases toutessimples
Je vais et je pense et je ris
Et puis je me souviens
De ces temps de fortune
Ou d'infortune enfin qu'importe, nous rins
En déployant nos gorges
A l'idée de ce fou
Accroché au pinceau amputé d'une échelle
Comme Van Gogh de son oreille
Comme Van Gogh de son oreille
Et dans le noir profond
De mon mur de silence
Je vais et je pense et je pleure...