Chaque jour, quoi qu'il arrive
Une longue voiture grise
Au bureau vous dépose
A neuf heures très précises
Vous entrez, le front sévère
Dans un grand building de verre
Où bourdonnent
Des milliers de téléphones
La nuit, vous dormez sans rêves
Grâce à des tranquillisants
Vous pouvez signer vos chèques
Et préparer vos bilans
Faire un peu de bienfaisance
Pour garder bonne conscience
Oui mais surtout
Vous vous occupez de tout
Réveillez-vous, monsieur le businessman
Il est temps
Regardez-vous, monsieur le businessman
Vos cheveux sont blancs
Est-ce ainsi
Que vous gâchez votre vie ?
Auriez-vous le temps
D'aller voir vos enfants ?
Pourriez-vous perdre une heure dans la semaine
Pour voir comme ils ont grandi ?
Vous ne connaissez les fleurs
Que parce que votre femme
En reçoit, parfois enveloppées
Dans de la cellophane
Vos colères sont terribles
Mais plus encore votre calme
Chaque mois vous vous faites faire
Un électrocardiogramme
Vous avez de la morale
Et vous distinguez le bien du mal
Oui mais pour tout ça
Vous appelez vos avocats
Votre femme a des fourrures
Et tous ses bijoux sont vrais
Mais vous gardez les factures
Que vous passez dans vos frais
Votre secrétaire est belle
Vous avez très envie d'elle
Oui mais pas question
Ca ferait des complications
Vous n'osez pas goûter
Les plaisirs de la terre
Et vous serez un jour le mort
Le plus riche du cimetière
Réveillez-vous, monsieur le businessman
Vous avez cent ans
Regardez-vous, monsieur le businessman
Il est temps, il est temps
Il est encore temps.