La mer, en bonne fille,
T’arrache à tout
La terre n’a plus de goût
Ni de visage
Les histoires pleuvent la nuit
Pendant le quart
Toi, tu n’as pas d’histoires
On n’t’entend pas beaucoup
Tu attends la relève
Il te tarde.
L’ancre jetée, les autres
Descendent quelques jours
Mordent à pleins pieds le sol
En piste, comme fous
Si le goût de la terre
Pouvait te revenir
Mais pour ça il faudrait
Oser te souvenir
Et faire sortir l’histoire
Mains libres de ce rêve
Qui te fait chaque nuit
Attendre la relève.
Quand la relève arrivera
Ton quart fini, tu descendras
Dans ta cabine : elle sera là
Dans le rêve qui t’emportera
T’emportera.
Tous les chants sont d’oubli
Ou ne sont que foutaises
Si la vie est jolie
Qu’on se taise.
Promis à mille vies
Et une seule qui tienne
Une pour faire le lit
Où engraisse le rêve.
Il ne tient qu’à ce rêve
De te tenir en vie
Et d’offrir au sommeil
Ce qu’éveillé tu fuis :
La douceur infinie
Du corps comme la glaise
Et le visage à terre
De l’hier évanoui
Quand la relève arrivera
Ton quart fini, tu descendras
Dans ta cabine : elle sera là
Dans le rêve qui t’emportera
T’emportera.