Qu'avons-nous de commun avec le reflet bleu
De l'amour endormi qui nous unit encore
Qu'avons-nous d'autre à dire, à déjouer le sort
De cette morne habitude qui nous brise le corps
Qu'avons-nous dans nos mains que le cœur de ces gueux
Ce soleil blanc des larmes gonflant enfin nos yeux
Qui s'épanche parfois, intérieur et fragile
Evitant de rejoindre, ce mortuaire feu
Quand enfin, pourrons-nous regarder couler le fleuve
Quand enfin, pourrons-nous regarder couler le fleuve
Qu'avons-nous dans nos reins que ce désir présent
Qui nous tend vers la rive de l'autre différent
Qu'avons-nous dans le cœur que cette chansons douce
Qui murmure en sourdine au cœur mouillé des mousses
Qu'avons-nous du présent que cette mémoire inquiète
Rivée au firmament de nos lèvres muettes
Abreuvés de discours où l'information coule
Incandescence bleue sous le regard des foules
Quand enfin, pourrons-nous regarder couler le fleuve
Quand enfin, pourrons-nous regarder couler le fleuve
Qu'avons-nous à donner que des serments fragiles
D'amour et d'amitié loin du froid de l'éxil
Qu'avons-nous à prouver hormis cette illusion
Qui nous fait croire debouts alors que nous tombons
Qu'avons-nous dans le sang, qu'avons-nous les veines
que savons-nous du monde qui supporte la peine
De nos frères indiens, de nos sœurs algériennes
Brulons la longue nuit au feu doré du miel
Quand enfin, pourrons-nous regarder couler le fleuve
Quand enfin, pourrons-nous regarder couler le fleuve