Je connais des gens, qui en amour, font des tas de choses folâtres,
Récitent des vers, font des discours, jouent Roméo ou Cléopâtre.
Moi je ne suis pas, de ces gens là, quand je me promène sur le bitume,
Si une petite femme passe par là, d'un seul coup d'oeil, moi je l'allume.
Mesdames, vous vous de mandez pourquoi, c'est que je possède un "je ne sais quoi":
J'ai le regard assassin, les yeux félins, d'un spadassin.
C'est pas que je sois beau, ni trop costaux, je porte à la peau.
J'ai le baiser provoquant, les cils tentants, le nez troublant.
Et c'est toujours à dessein que pour une bouche ou pour deux seins,
J'ai le regard assassin!
Un vieille douairière, me dit: "Pourquoi, du jour où je vous aperçute,
J'ai ressenti, un drôle d'émoi, et dès cet instant, vous me plûtes?"
Je lui répondis, très grand seigneur: "Si l'émoi que vous éprouvâtes,
Vous fit tressaillir de bonheur, qu'eûtes vous fait si vous tâtâtes?
Madame, je vous plu n'en parlons plus, c'est que j'ai sûrement quelque chose en plus."
J'ai le regard assassin, les yeux félins, d'un spadassin.
C'est pas que je sois beau, ni trop costaux, je porte à la peau.
Ce n'est pas mon front obtus, mon nez camus, qui vous ont plu,
C'est que toujours à dessein pour une bouche ou pour deux seins,
J'ai le regard assassin!
Dernièrement, dans mon patelin, une accorte et ronde servante,
Qui avait les cheveux, couleur de lin, me dit: "Beau gosse, ton regard me tente.
Sous tes baisers, fais moi mourir." Et comme la chose était tentante,
Pour ne plus la faire souffrir, moi je pressais sur la détente.
Mesdames, je vais vous dire pourquoi, elle mourut cinq ou six fois:
J'ai le regard assassin, les yeux câlins, d'un petit coquin.
C'est pas que je sois beau, ni trop costaux, je porte à la peau.
J'ai le baiser provoquant, les cils tentants, le nez troublant,
Et c'est toujours à dessein que pour une bouche ou pour deux seins,
J'ai le regard assassin!