C'était un illusionniste
Amoureux de son métier
Tous les gens, dans son quartier
Disaient d'lui : c'est un artiste !
Dans les manches de son veston
Il a toujours deux pigeons
Dans le creux de son gibus
Il emporte un lapin russe
Sous sa cravate lavallière
Il cache un coq de bruyère !
parlé : - Cocorico !
C'était un illusionniste
Qui, dit-on, qui, dit-on
Tout au long d'sa vie d'artiste
Perdait toutes ses illusions...
Mais un soir de mi-carême
Une jeune fille albinos
Qui voulait faire la noce
Lui dit : Emmenez-moi, j'vous aime !
Il lui dit : Venez chez moi
J'ai deux pigeons aux petits pois
Si vous avez encor faim
J'ferai rôtir le lapin
Ah ! Cédez à ma prière
Y aura du coq de bruyère !
parlé : - Cocorico !
C'était un illusionniste
Qui, dit-on, qui, dit-on
Tout au long d'sa vie d'artiste
Perdait soutes ses illusions...
Quand ses animaux lui semblent
Bien rissolés et bien cuits
Il s'écrie : C'est donc fini ?
On n'travaillera plus ensemble !...
Vous n'ferez plus de music-hall
Vous êtes là dans vos casseroles
Il sortit, vit deux agents
Et leur dit, tout en pleurant :
Je m'accuse d'avoir, à l'ail
Mangé mes copains d'travail !
Et depuis, l'illusionniste
Habita Charenton
Où les médecins aliénistes
Trouvent qu'il a trop d'illusions !
Eh, oui !