Ô toi, le plus savant et le plus beau des anges
Dieu trahi par le sort et privé de louanges
Ô prince de l'exil, à qui l'on a fait tort
Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort
Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines
Guérisseur familier des angoisses humaines
Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits
Enseignes par l'amour le goût du paradis
Ô toi qui de la mort, ta vieille et forte amante
Engendras l'espérance, - une folle charmante!
Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut
Qui damne tout un peuple autour d'un échafaud
Toi qui sais en quels coins des terres envieuses
Le dieu jaloux cacha les pierres précieuses
Toi dont l'oeil clair connaît les profonds arsenaux
Où dort enseveli le peuple des métaux
Toi dont la large main cache les précipices
Au somnambule errant au bord des édifices