Au temps où l'on faisait sept ans,
Un petit conscrit de village,
Le jour qu'il dut quitter ses champs
Pour partir, manquait de courage,
Car Lison troublait les esprits
Avec la grâce de ses charmes,
Elle était promise au conscrit
Qui lui dit, le cœur tout en larmes :
Belle fille, avec ta vertu,
Pendant sept ans, m'attendras-tu ?
Adieu donc, ma Lison, la jolie
Je m'en vais tout joyeux, plein d'ardeur,
Mais hélas ! souvent femme varie
Pour l'amour, garde-moi tout ton coeur.
Tes beaux yeux font toute ma folie,
Loin de toi, que je sois ton vainqueur,
Mais après mon départ pour l'armée
Pense encore à moi, ma bien-aimée,
Ma bien-aimée !
Sept ans, fit-elle, c'est bien long,
Mais le temps est court quand on aime,
Ami, rapporte des galons,
Et Lison t'attendra quand même.
Leurs cœurs battaient à se briser,
L'amour les brûlait de sa flamme,
Dans un pur et tendre baiser
Le conscrit lui donna son âme,
Lui disant, l'esprit plus léger :
Alors, puisque rien n'est changé,
Adieu donc, ma Lison, la jolie
Je m'en vais tout joyeux, plein d'ardeur,
Mais hélas ! souvent femme varie
Pour l'amour, garde-moi tout ton coeur.
Si parfois au pays tu t'ennuies,
Interroge un moment cette fleur,
Car toujours tu seras ma chérie,
Mon seul bien, le charme de ma vie,
Lison, ma mie !
Jeannot gardait avec amour
Sur son cœur le portrait de Lise ;
En guerre, en combattant un jour,
Une balle russe le brise.
Par la mort il est touché
Et dans la gloire et la fumée
Il revoit son champ, son clocher
Où l'attend la promise aimée.
En pensant à l'être adoré,
Tout bas, on l'entend murmurer :
Adieu donc, ma Lison, la jolie,
Tes beaux yeux vont verser quelques pleurs,
Car frappé d'une balle ennemie
Loin de toi, loin du pays, je meurs.
Mais mourir pour sa Mère Patrie
Et sa belle, est encore du bonheur.
A bientôt, là-haut, dans l'autre vie
Je t'attends, ô Lison, la jolie,
Adieu, ma mie !