Ces murs protecteurs
et ce plafond fraternel
et ces trous d’ombre et cette grande ombre
et ce plancher de fer
et moi sous mes seuls cheveux
Quand par la fenêtre déjà cette aube hypocrite et généreuse
quand dans le ciel cette mortelle incohérence et cet espoir sacré
et cette éblouissante création
et moi moi mes morts dans mon dos et leurs doigts lourds
et ce nombre fatal
et leur bruit dans mon silence
et leur effrayant silence dans mon désert
Et moi cherchant la clarté comme un homme de faim
moi cherchant parmi la chevelure des larmes mon propre jour
moi criant mes cris glacés dans ce vide inhumain
et moi ne trouvant dans mes cris que la nuit décédée
et ce grand rire de pierre inattaquable
(Alain Grandbois, Les Îles de la nuit, 1944)