Un soir dans Florence la belle,
Nita, son enfant dans ses bras,
Sous l'ogive d'une chapelle,
Offrait sa gerbe de lilas.
Sans voir la pauvrette jolie
Les gens passaient. Alors Nita,
La brune fille d'Italie
Leva ses beaux yeux et chanta
On m'a surnommée la Madone
Parce qu'un jour sur un vitrail,
Un peintre dont le nom rayonne
De mes yeux a fixé tout l'émail. Oui, tout l'émail
Il a fallu qu'il m'abandonne
Et depuis malgré ma douleur
Chacun dit : Voici la Madonne,
Nita, l'humble Madone aux fleurs.
Sa gerbe n'était pas vendue
Et l'enfant dans ses bras pleurait.
Alors, la Madone éperdue,
Jetant ses fleurs, partit d'un trait.
Triste et pâle comme une veuve,
Vers l'Arno dirigeant ses pas,
Elle s'arrête près du fleuve,
Un artiste lui dit tout bas :
Ecoutez Nita la Madone,
Je referai sur un vitrail
Votre chaud regard qui rayonne
Et séchez vos yeux de pur émail.
Que le chagrin vous abandonne,
Demain s'enfuiront vos douleurs,
Vous redeviendrez la Madone,
Nita, la Madone de mon cœur.