(Renaud Detressan)
C'est déjà dix heures, qu'est-ce que j'vais pouvoir faire ?
Derrière la porte, j'entends la vie qui bouge.
J'connais par cœur son tempo, ses lumières
Quand elle fait fort et qu'l'aiguille bloque dans l'rouge.
Dehors, j'vais juste voir comment ça s'passe
Des fois qu'ce soir, ce soit pas comme hier soir.
J'me coince au bar devant une bière fadasse.
Je trinque pour voir, pour boire, va bien falloir...
Dire STOP ! Et que la vie me pardonne
Si je n'sais pas toujours comment la vivre.
STOP ! Y'a plus qu'l'ennui qui résonne.
Je tourne des pages où y'a plus rien à lire.
C'est déjà une heure, j'vous abandonne, mes frères
Pour rire hagard et aux piliers d'comptoir.
Même le flipper est saturé d'vos rêves
Et claqu'rait pas pour un million d'dollars.
J'vais voir plus loin, j'me fais un club pas drôle.
J'm'accoude devant un genre de scotch immonde.
J'fais mon cinoche de jeune clean désinvolte
Entre l'parfum d'une blonde et les gros seins d'une ronde.
C'est déjà six heures, j'préfère dormir tout seul.
J'suis fatigué, vidé, j'ai l'cœur qui baîlle.
Tout l'monde, même le taxi me fait la gueule
Parce que j'm'écroule sur sa banquette de skaï.
J'me laisse tomber sur mon plumard glacé.
Le noir enfin pousse ses verrous d'satin
Et j'suis bien là dans mes délires, cassé.
Oh ! Si seul'ment y'avait pas demain !
STOP ! Et que la vie me pardonne
Si je n'sais pas toujours comment la vivre.
STOP ! Y'a plus qu'l'ennui qui résonne
Je tourne des pages où y'a plus rien à lire.