J'ai couru de pays en pays étrangers,
De voyants en rois mages, de sorcières en sorciers.
Chacun m'a dit qu'il n'y a pas de hasard,
Qu'il n'est jamais trop tard pour penser au départ.
Ils m'ont dit: "Si tu es sédentaire,
Tu t'endors dans ta graisse
De bouffe et d'illusion,
Tu dégourdis ton corps
En courant dans les rues,
Tu cours après ta vie,
Tu cours après ta mort."
Je ne suis pas un conquistador emplumé
Qui troque dans le sable des déserts
Dans le lit des rivières et dans l'eau des rizières
L'or, les diamants, les turquoises
Contre des paroles sournoises
Et des balles et des bombes.
Je ne suis ni toubab ni becque ni buana ni zoreille
Ni colon ni bon blanc.
Je suis l'homme qui marche pour l'échange.
Je visite les terres pour y trouver des frères.
Man douma toubab douma
Jrunknop. man nitrek la
Man nitou ouartan, nitou
Diojante. man souma touke
Woutinif momoyobou
Je ne suis pas un chasseur de rhino,
De cyno, de bombo, de crocos et d'ivoire
Mais je voudrais savoir, toi qui as la peau noire,
Pourquoi, moi, je suis blanc s'il n'y a pas de hasard.
Je ne suis ni toubah, ni becque, ni buana
Ni zoreille ni jrunknop ni bon blanc
Mais un homme qui marche pour l'échange,
Et qui, loin d'être un ange,
Viens visiter les terres
Pour y trouver des frères.