Si tu me payes un verre
Je te demanderai pas
Où tu vas, où tu viens
Si tu sors de cabaret
Si ta femme est jolie
Ou si tu n’en as pas
Si tu traînes tout seul
Avec un cœur en panne
Je ne te dirai rien
Je te contemplerai
Nous dirons quelques mots
En prenant nos distances
Nous viderons nos verres
Et je repartirai
Avec un peu de toi
Pour meubler mon silence
Si tu me payes un verre
Tu pourras si tu veux
Me raconter ta vie
En faire une épopée
En faire un opéra
J’entrerai dans ton jeu
Je le ferai sans efforts
Me mettre à ta portée
Je réinventerai les sourires de demain
J’en ferai des bouquets
J’en ferai des guirlandes
Nous viderons nos verres
On nous serrera la main
Il ne te reste plus
Qu’à passer la commande
Si tu me payes un verre
Que j’ai très soif ou pas
Je te regarderai comme on regarde un frère
Un peu comme le Christ
À son dernier repas
Comme lui, je dirai
De vérité première
Il faut savoir s’aimer
Malgré la gueule qu’on a
Ne jamais juger le bon ou la canaille
Si tu me payes un verre
Je ne t’en voudrai pas
De n’être rien du tout
Je ne suis rien qui vaille
Si tu me payes un verre
On ira jusqu’au bout
Tu seras mon ami au moins quelques secondes
Nous referons le monde
Oscillant mais doux
Heureux de découvrir
Si la terre est ronde
On est aussi en guerre
Qu’on s’emporte bien
Tu cherches dans la foule
Une voix qui réponde
Alors paye ton verre
Et je t’aimerai bien
Nous serons les cocus
Les plus heureux du monde