C'est Montmartre le soir, le champagne pétille
Au milieu des chansons et des rires des filles,
Un tango langoureux s'exhale des violons.
Mais soudain tout se tait lorsque paraît Manon !
Manon, c'est la beauté, la radieuse jeunesse,
Manon, c'est des romans l'idéale maîtresse,
Manon, c'est une enfant échappée au couvent,
Qui rentre étourdiment
Dans la vie, hélas, en dansant !
Danse, danse, Manon ! le tango de folie
Qui t'attire, te prend et t'entraîne, ravie,
Le tango qui te grise en te prenant ta vie,
Fragile papillon,
Danse, danse, ô belle Manon !
Manon, tes yeux profonds reflètent la nuit brune,
Tes pâles cheveux d'or sont un rayon de lune,
Tes lèvres de corail ont l'air d'un fruit vermeil,
Ton sourire éclatant éclipse le soleil !
Manon, prends-moi, prends-moi ! Je te veux car je t'aime,
Lui dit un amoureux dans un élan suprême,
Viens près de moi, je sais des secrets merveilleux
Qui t'ouvriront les yeux
Sur un au-delà mystérieux !
Prends donc, prends avec moi, le poison de folie
Qui charme et vous étreint, qui grise, ô ma jolie !
A nous aimer d'amour, nous passerons la vie !
C'est le ciel, ô Manon !
Qu'ouvre le magique poison.
En l'éclair d'un printemps, sur sa route fleurie,
Manon a tout tenté, tout goûté de la vie !
Comme un parfum subtil, s'envole sa santé,
Mais qu'importe la mort, si l'on meurt en beauté !
Allons, vous, les violons, attaquez donc la danse !
De ce tango final, rythmez bien la cadence
Mais, brisez vos archets, vous avez réussi !
Que tout s'arrête ici
Pour Manon le bal est fini !
Car, rose, elle a vécu ce que vivent les roses...
Manon, comme une fleur, est morte à peine éclose !
Selon sa volonté, dans un geste dévot,
Fleurissez son tombeau
De roses de couleur tango !