Il venait de la Mer du Nord, et m'a laissé au fond des yeux
Le gris-bleu qu'avec ses pinceaux il diluait dans ses tableaux,
C'est tout ce qu'on m'a dit de lui, du peintre un jour évanoui,
Laissant à l'enfant que j'étais comme une esquisse inachevée,
Des pastilles de couleurs craquelées,
Les couleurs des aquarelles, de ses aquarelles brisées,
Les couleurs des aquarelles, de ses aquarelles brisées.
Et j'ai connu d'autres rivages, bien au loin de Scheveningen,
J'ai grandi face aux Logoden qui m'ont donné d'autres images,
J'avais des plages pour rêver, mais l'eau des larmes est trop salée,
Et jamais je n'ai pu trouver cette eau douce qu'il me fallait
Pour diluer les couleurs séchées,
Les couleurs des aquarelles, de mes aquarelles fanées,
Les couleurs des aquarelles, de mes aquarelles fanées.
Et le gris a pris trop de place dans ma vie d'ardoise et d'hiver,
Mouillée dans l'eau des yeux gris-bleu comme l'étaient ceux de mon père,
Mais le vent d'Ouest et l'vent du Nord ont repoussé mon ciel chargé,
Moi j'ai glissé dans mes paroles les mélodies qu'ils m'apportaient,
Et depuis mes chansons s'envolent....
Et depuis, mes chansons s'envolent, tour à tour couleur Logoden,
Ou teintées des couleurs anciennes du gris-bleu de Scheveningen,
Le gris-bleu de Scheveningen,
Le gris-bleu de ses yeux, le gris-bleu de Scheveningen,
Ce gris-bleu dans mes yeux, le gris-bleu de Scheveningen...