Les enfants tristes vont par deux
Ou seuls, suivant l'humeur du temps,
Suivant le jour, suivant le jeu,
Main dans la main ou bras ballants.
Les enfants tristes vont ainsi
Au carrefour de leur enfance,
Dans quelques jardins interdits
De vent, de pluie ou d'indolence.
Ils ont au tréfonds de leurs yeux
Des chevaux blancs et des navires
Et puis des larmes au milieu
De leurs chansons ou de leurs rires.
Les enfants tristes n'ont pas d'âge,
Hors de l'enfance et hors du temps;
Ils vont sans prendre de bagages,
Main dans la main ou bras ballants.
Il y en a, sans qu'on s'en doute,
Plus qu'il n'en faut, plus qu'on ne croit,
Des enfants tristes en déroute,
En quête d'un je ne sais quoi...