Fatigué des gens de la terre,
Le Bon Dieu, qui est surmené,
Réfléchit entre deux mystères,
Et décida de démissionner.
Il éteignit quelques étoiles,
Ferma le ciel de haut en bas,
Et dÂ’un nuage, fit une voile
Qui prit le vent et qui lÂ’emporta.
Et voilà le soleil de traversÂ…
Tous les hommes qui marchent la tête en basÂ…
Et la terre qui sÂ’enroule à lÂ’enversÂ…
Et la mer qui sÂ’embête et sÂ’en vaÂ…
Mais les prièresÂ…
Les prières continuent à monter
Car tous les hommesÂ…
Tous les hommes continuent à prierÂ…
Et cÂ’est là quÂ’elles sont embêtées,
Les prières qui nÂ’ont rien demandé...
Et cÂ’est là quÂ’on les voit faire la queue,
Les prières qui attendent le Bon DieuÂ…
Alors, comme elles nÂ’ont rien à faire
Les prières,
Elles se font des confidences:
- Vous venez pourquoi, vous?
- Moi, je viens de la part dÂ’un dénommé
Roméo, et dÂ’une certaine JulietteÂ…
- QuÂ’est-ce quÂ’on leur fait comme ennuis, sur cette terre?
On veut pas les laisser sÂ’aimer tranquilles?
Pas commode dÂ’arranger leur histoireÂ… Et vous?
- Moi, pour un gars quÂ’a de gros ennuis avec son percepteurÂ…
Je vois dÂ’ailleurs pas ce que je peux faire pour lui! Mpfff!... EnfinÂ…
- Et vous?
- Moi, secret professionnel!
- Et vous, là-bas?
- Moi, Hah! Je viens de la part dÂ’un fou!
Enfin, dÂ’un poèteÂ… CÂ’est la même chose!
DÂ’abord, ce quÂ’il demande avec la terre, cÂ’est impossible!
Et puis, prêcher la bonté, ça fait démodé...
- Racontez-nous! CÂ’est peut-être drôle?!
- Si vous voulez! De toutes façons, ça changera jamais rien! Alors, voilà:
“Je sais bien que je vous dérange,
Mais voilà: jÂ’ai besoin de vous!
SÂ’il vous plaît, prêtez-moi des anges!
Il en faudrait un petit peu partoutÂ…
Pour le soleilÂ… un par personne!
Et pour lÂ’amourÂ… Oh! SÂ’il vous plaît!
Tout plein dÂ’amour aux mains des hommes
Pour qu’ils en fassent de grand bouquets...”
Et voilà le Bon Dieu revenu.
Le tonnerre a perdu son emploi.
Le soleil est passé par-dessus
Et voilà que la terre marche droit.
Ouvre les portes,
Que lÂ’on porte
Le soleil dans les blés,
Que la terre,
Toute la terre
Tourne enfin sans trembler
Et lÂ’amour a poussé dans les champs
Et les hommes le cueillaient en chantant.
Les amants ne mourraient plus jamais
CÂ’est pour ça que tout le mond