Quand je pense à hier
Quand je pense à demain
Quand je ferme mes yeux
Jusqu’au petit matin
Quand je couche mon corps
Tête pointant le nord
Et que je sens mon dos
Rappelant le troupeau
Quand les funérailles de ballet
Là où les gens bâillent en anglais
Font que même la vieillesse, empreinte de paresse,
Finit par doubler le masque d’Orphée
Quand l’hypocrisie est de mise
Entre la peau et la chemise
Que la rivière coule
Et que tout déboule
Malgré le sang et les dents qui cassent
Non, je ne parlerai pas
Non, je ne parlerai pas
Car il y a une rivière
Qui a poussé entre nous
Même si la terre toute entière ferme les yeux et s’en fout
Et si un jour tu y plonges
Moi, j’y plongerai avec toi
Pour noyer dans la pénombre
La grandeur de nos ébats
Et si la terre tout entière
Se met à rire de nous
Nous leur lancerons des pierres
Pour grafigner nos genoux
Mais non jamais, mais oui je sais
Que je ne parlerai pas
Bouche gelée jusqu’à ce que nos deux corps soient enterrés
Alors non, je ne parlerai pas
Non, je ne parlerai pas
Pour toutes les grand-mères de la terre
Celles qui partiront dans le vent
Celles qui partiront pour la guerre
Armées d’enfants
J’ai rongé les sabots de l’âme
Pour oublier que l’on oublie
Toutes ces obscénités qu’on a préarrangées
Que même un pape outré ne pourrait condamner
Alors non, je ne parlerai pas
Non, je ne parlerai pas.