Anaïs a quarante ans et ça lui fait de la peine.
Ça lui va bien, pourtant, cette mise en quarantaine.
Anaïs se trouve moins belle, je la trouve plus émouvante.
D'ailleurs, les belles ne sont pas celles qui font les belles amantes.
Chaque nuit, elle la donne
Comme si c'était la dernière.
Chaque nuit, elle se donne,
Se jette, l'âme la première.
Moi le passant, je m'émerveille
Devant son coucher de soleil
Sur l'horizon de son lit.
Anaïs se prête à nous jeux comme si elle était débutante.
Ayant brûlé ses premiers feux, elle n'en est que plus brûlante.
Anaïs, passent les années. qu'importe
Qu'elles laissent des traces.
Plus sûrement que le feu follet, la braise fait fondre la glace.
Chaque nuit etc...
Elle a quelques cheveux blancs. qu'importe qu'ils soient blancs ou blonds.
Elle dit « c'est la fin du printemps ». moi, je me fous bien des saisons.
J'aurai dû te dire ça plus souvent, anaïs, n'ai pas de chagrin,
C'est vrai tu as quarante ans, tu sais, ça vaut deux fois vingt.
Chaque nuit etc...