Le jour où je tomberai, plus ou moins fané,
Sous les balles de l'ennemi ou la flèche des années,
J'emporterai au monde du silence
Mon petit savoir, mes grandes ignorances.
J'emporterai les fleurs du printemps,
Les fruits d'été et mes secrets d'enfant.
Le jour où je tomberai, me survivront, c'est mon drame,
La beauté des forêts et la beauté des femmes.
Me survivront trop de fiancées,
Que j'ai souvent mal aimées,
Me survivront, moins nombreux
Des amis que j'ai aimés mieux.
Le jour où je tomberai, je n'aurai plus rien à craindre.
Vous qui resterez debout, c'est vous qu'il faudra plaindre,
Peut-être pleurerez-vous
Sur mon corps immobile,
Du sanglot de braves,
Ou des larmes de crocodiles.
Le jour où je tomberai, saisi de regrets immenses,
Veuillez ne garder de moi que l'idée d'une danse.