Un jongleur qui jonglait
Avec fleurs et maillets,
Un jongleur qui jonglait avec des cœurs
Ne savait qu'il y avait
Une belle fille qui l'aimait,
Ne vivant jour et nuit
Que pour lui.
Tous les soirs, au premier rang,
Dans l'petit café chantant,
Elle venait le cœur battant, attendant
Que paraisse dans son décor,
Dans son costume bordé d'or,
Celui dont elle aimait l'âme et le corps.
Le jongleur s'aperçut
De la chose et reçut
La belle fille en folie
Dans son lit.
Aujourd'hui, au fond d'une prison,
La belle fille, Jeannette ou Suzon,
Se souvient de son tendre ami
Et du crime qu'elle a commis.
Chaque soir,
Sur le mur noir
Elle croit voir
Le cœur percé d'un poignard.
Le jongleur qui sourit
Et qui jongle toute la nuit,
Le jongleur qui jonglait avec son cœur,
Il avait pourtant dit
Qu'il aimait pour la vie
Mais ces mots qu'il disait,
Il jonglait.
Il disait : "Nous s'rons heureux.
Nous vivrons seuls tous les deux.
Il n'y aura pas d'plus gentils amoureux."
Mais hélas, toutes ces histoires
F'saient partie d'son répertoire
Et Suzon avait eu bien tort d'y croire.
Une belle fille qui pleurait,
Qui perdait la raison,
Un jongleur gui jonglait en prison.
C'est ainsi que finit
La chanson
Du jongleur qui jonglait
Avec ses cœurs.