J'n'ai pas connu le temps du French Cancan
Et je m'en fous,
De Valentin le désossé, de la goulue.
Moi, j'ai connu le temps des camps
Et, j'vous l'avoue,
Et j'ai connu, sans l'avoir voulu,
L'temps des frisés polis,
R'vêtus de vert-de-gris,
Des cigarettes au marché noir
Sur les boul'vards,
De ma jeunesse plumée,
Envolée en fumée.
Quand j'm'en souviens
Ça m'fait tout d'mêm' du bien.
Il y avait une bande de vieux jaloux
Qui nous traitait d'zazous.
Il y aura toujours des gens qui n'aiment pas la jeunesse,
Pour qui d'avoir vingt ans et d'vivre sans un sou
Est un péché dont l'bonheur les rend fous.
Pauvres amours d'antan, pauvres petits rendez-vous,
Pauvres serments, pauvres baisers, pauvres caresses,
Pauvres désirs d'enfants avec le ventre creux,
Les soirs d'hiver, malgré tout amoureux.
Chacun son lot, le monde va, j'ai compris le destin.
Aussi j'réponds, quand on me parle d'la belle époque
Ou bien du temps présent, dont on n'est pas certain
Qu'il va s'priver d'nous flanquer tous en loques,
Bravo pour l'madison,
Les tangos argentins.
Tant mieux pour vous si ça vous donne une âme baroque.
Goulue, t'as fait ton temps.
Vous c'est l'vôtre à présent.
Tant mieux pour vous, moi j'garde mes seize ans.
Hé ! Dis donc, Jeannette, regarde ce que j't'ai rapporté,
Au lieu du bouquet de violettes que tu demandais :
Une livre de beurre !...
Comment j'l'ai eue ?...
Par des copains...
Des combines, des combines, des combines...
Parce que... je t'aime, tu sais !