Y a un refrain dans la ville,
Un refrain sans domicile.
Et c’est comme un fait exprès,
Un air qui me cour après.
Il est fait de deux rengaines
Qui ont mélangé leur peine.
La première a du chagrin
Et la deuxième n’a rien.
C’est un air, Ah! Ah! aussi triste que mon amour.
C’est un air, Ah! Ah! sans pitié qui me tourne autour.
D’un sixième étage,
Un phono s’enrage
A le rabâcher.
Et la farandole
Des mêmes paroles
Entre sans frapper.
C’est un air, Ah! Ah! qui se traîne dans les faubourgs.
C’est un air, Ah! Ah! aussi triste que mon amour.
Mais la première rengaine,
Qui avait tant de chagrin,
Un jour oublia ses peines,
Et ça fait qu’un beau matin
La chanson était moins triste.
Mon coeur n’en revenait pas.
Et mon voisin le pianiste
En a fait une java.
C’est un air, Ah! Ah! qui me donne le mal d’amour.
C’est un air, Ah! Ah! sans pitié qui me tourne autour.
Le piano remplace
Le phono d’en face
Pour le rabâcher.
Et la farandole
Tourne, tourne et vole
Comme un vent d’été.
C’est un air, Ah! Ah! qui s’accroche sous l’abat-jour.
C’est un air, Ah! Ah! qui me donne le mal d’amour.
Puis la deuxième rengaine,
Qui n’avait que rien du tout,
Hérita un jour de veine
D’un bonheur de quatre sous.
Car le bonheur, ça existe,
C’est du travail à façon.
Alors nous deux mon pianiste,
On a refait la chanson.
C’est un air, Ah! Ah! aussi beau que mon bel amour.
C’est un air, Ah! Ah! merveilleux qui me tourne autour.
Tous les pianos dansent,
Tous les phonos dansent.
Qu’il fait bon danser.
Et la farandole
Tourne, tourne et vole,
Tourne à tout casser.
C’est un air, Ah! Ah! qui s’envole vers le faubourg.
C’est un air, Ah! Ah! aussi beau que mon bel amour.