“Pas la peine de suivre l’aiguille”
Dit le patron du bar,
“Ça n’avance à rien
Elle est en retard!
Va jouer aux billes
Ça passe le temps et ça fait du bien...”
Il met ses vingt balles dans la mécanique
Un déclic!
Les billes sautent au garde-à-vous!
La première bondit comme une hystérique
Ça cavale, ça sonne, ça s’allume partout!
Ding! Ding! Ça crépite comme une mitraillette
Ding! Un oeil fait “tilt”... Ding! Une bouche fleurit!
Une pin-up s’éclaire des pieds à la tête
Au fond de la vitrine en verre dépoli.
Cent mille! C’est le ballet des nombres magiques!
Deux cent! Re-ding-ding!!
La bille n’écoute pas…
Elle baisse dans le couloir comme prise de panique
Zut! Raté!... Huit heures…
Elle ne viendra pas…
“A quoi sert de guetter la porte?”
Dit le patron du bar,
“Faut pas s’énerver
Vous êtes beau gosse
Elle, elle est pas morte!
Une de perdue, dix de retrouvées...”
Il remet vingt balles dans la mécanique
De ses doigts crispés, il tend le ressort.
La bille sème partout des flashes électriques
Pas autant, pourtant,
Que ‘y en a dans son corps…
Ah! La sacrée garce! Elle ira quand même…
Re-ding! Ding! Ça y est!
Dans le trou des cinq cent!!!
Une partie à l’oeil, il comprend le système
Et ding! Et re-ding!! Ça devient angoissant…
Ding! Ding! Il s’agrippe, il secoue, il cogne…
Ding! Comme si c’était…
“Holà! Faudrait voir...!
Il va tout casser”, dit le patron qui rogne
Zut! Le jeu s’éteint!... Neuf heures…
Plus d’espoir…
Il s’excuse, il s’en va livide,
Les nerfs détendus, mais le coeur si gros.
“Il va jouer ailleurs”
Dit le patron candide
“Il va jouer ailleurs, ou bien se foutre à l’eau...”
Ding! Cent mille! Ding! Ding! Deux cent mille!
Trois cent! Quatre cent!
Cinq cent mille!
Ding! Ding! Ding! Re-ding! Ding! Ding!... Tilt!!!