Toi, le grand dépendeur d'andouilles
La terreur du mont Valérien
Ô Don Juan, chef de patrouille
À qui mes yeux ne disaient rien
Et toi, le chéri des cheftaines
Qui portais si bien le bâton
Et brandissais un cœur de laine
Accroché à ton mousqueton
Merci, oh, merci
De n'avoir jamais rien compris
À mes quinze ans timides
Merci, oh, merci
De n' m'avoir jamais rien appris
De m'avoir laissé les mains vides
Libre, libre, libre
De venir jusqu'ici
Vous, les faux dragueurs de banlieue
Qui en faisiez pas tant que ça
Camouflant une frousse bleue
Qu'on vous trébuche dans les bras
Me faisant danser, mal à l'aise
Chacun son tour, bien poliment
Et m'abandonnant sur ma chaise
Dans les chaussures de Maman
Merci, oh, merci
De n'avoir jamais rien compris
À mes vingt ans timides
Merci, oh, merci
De n' m'avoir jamais rien appris
De m'avoir laissé les mains vides
Libre, libre, libre
De venir jusqu'ici
Vous, les amies de tous les âges
Toujours plus belles, mieux coiffées
Grâce à qui même mon visage
Me semblait ennemi fieffé
Et vous qui, plus tard, si gentilles
Parliez doucement chirurgie
Pour ce nez, mon bien de famille
Qui n' m'a jamais fait de vacherie
Merci, oh, merci
De n'avoir jamais rien compris
À mes vingt ans en cage
Merci, oh, merci
De n' m'avoir jamais rien appris
De m'avoir donné cette rage
Libre, libre, libre
De venir jusqu'ici
La vie est une étrange fête
Et je vous remercie vraiment
Car c'est bien vous qui m'avez faite
Vous ne pouviez faire autrement
Il fallait bien que je sois laide
Et bête pour avoir envie
Sans jamais demander votre aide
De me faire une belle vie
Merci, mais merci
Aux rares qui avaient compris
Qu'il valait mieux attendre
Merci, oui, merci
De ne m'avoir jamais rien dit
Et d'avoir bien voulu comprendre
Que je devais, libre
Arriver jusqu'ici
Libre, libre, libre
Arriver jusqu'ici