Le menton creusé,
La barbe de deux jours,
Sur le lieu désiré
Il reviendra toujours.
Ainsi les choses passent
Et les quartiers se vident
Et lui revient, livide
Et la chemise ouverte
Dans l'allée déserte,
Et la chemise ouverte, dans l'allée déserte.
Mais c'est sûr, le vent soufflera toujours
Pour effacer les traces, laver les blessures
Et, quelles que soient les marques et les brûlures,
Cadenasser les portes et les serrures.
Le menton creusé,
La barbe de deux jours,
Vous le verrez passer
Sur le banc glacé,
Venir se placer,
Attendre. Le jour
Vagabond va
Finir par s'arrêter,
Se poser là-bas,
Comme une chienne met bas,
Innombrable portée
De son rêve ici-bas,
Mais c'est sûr, le vent soufflera toujours
Comme un masque de fer dans un gant de velours,
Comme un masque de fer
Dans un gant...