Couvrez-moi de fleurs s'il le faut.
Laissez venir l'homme à la faux
Et si me coudre les paupières
Au moins ne me riez derrière
Moi.
Laissez me parler à l'oreille
Et faire miel de moi l'abeille
Et dans mon ombre, laissez vivre,
Quand bien même le bateau ivre
Sombre.
Croyez-moi, dans ce monde-ci,
Jamais on ne m'a dit merci.
Où que ce fut, où que ce soit,
Qui que ce fut, qui que ce soit,
S'en fut.
C'est pour ma chair fragile et morte
Que je prie de vous de la sorte
Qu'on ne m'ait pas en terre admis
Sans que l'on y descende aussi...
Que reste ici de mon passé
Dans ce caveau frais repassé
L'habit de noce et le carton
De ma langue et de mon menton
L'os.
L'ongle à peine de désigner
Faisant main comme l'araignée,
Les yeux se taisent et la cornée
Dessous l'arcade cimentée
Pèse.
Couronnez-moi de fleurs mauves
Si voyez que ma vie se sauve
Et des ténèbres ayez raison,
Lirez lumières de l'oraison
Funèbre.
Prenez soin de moi si pouvez,
Faites de vos bouches un ave,
Que Dieu le dépose ou l'apporte
S'il fut seul au pied de ma porte
Close.
Couvrez moi de fleurs s'il le faut.
Laissez venir l'homme à la faux.
Couvrez moi de fleurs s'il le faut...