Rien qu'un enfant triste
Qui sait qu'il existe,
Un navire ancré dans le ciel
Qui vit dans l'ombre du soleil,
Une table mise au centre d'une vie nouvelle.
Un jardin désert,
Une ville en verre
Qu'elle lui couvre les épaules,
A cheval sur un tas de tôles,
Qu'elle soit pour lui, la vue, la vie et la parole.
Un escalier vide.
Son sang se vide.
Dans une cage on le glisse.
Les murs sont blancs, les murs sont lisses.
Qu'il ferme les yeux, qu'il meure en l'année
Deux-mille-huit-cent-soixante-dix.
Rien qu'un enfant triste
Qui sait qu'il existe,
Un navire ancré dans le ciel
Qui vit dans l'ombre du soleil,
Qui n'entendra jamais l'appel
De vie, de mort ou de détresse.
Une tour immense,
Le froid, le silence,
Des cris de haine et de vengeance,
Le navire qui se balance,
Un million d'années lumière plus loin
Qu'un enfant triste sans défense.
Rien qu'un enfant triste
Tombé sur la piste
Qui mène en haut de l'édifice,
La peau tendue, le ventre lisse,
Qu'il ferme les yeux, qu'il meure en l'année
Deux-mille-huit-cent-soixante-dix.