Sans que l'on sache vraiment
Ni pourquoi ni comment
Nos pas nous ramènent
Sur le chemin qui mène
A la terre endormie,
Son marbre abimé,
Son arbre endolori,
Sa branche brûlée
A la terre endormie.
Dans quel monde étais-je
Pour me croire certain,
Qu'il vente ou qu'il neige,
Qu'on ait froid, qu'on ait faim,
Que la vie serait telle
Qu'elle fût une fois
Ou sembla-t-elle
Le restera
Que la vie serait telle ?
Mais la ville est éteinte.
Le parc est glacé
Comme l'est ton étreinte,
Ton bras délacé.
Il reste à marcher
Sur la terre endormie,
Mille fois retrouvée,
Retroussée,
Mille fois salie,
Trahie,
Sur la terre endormie.
Et le reste est écrit
D'une encre impénétrable,
Faite d'iniquité
Comme d'inéluctable.
Dans le parc glacé,
Ton pas s'impatiente
Ou s'est impatienté,
Puisque tout te hante
Sur la terre endormie.
Dans quel monde suis-je
Pour me croire épargné
Quand tout n'est que voltige,
N'est que subterfuge ?
Dans quel monde fûs-je
Dont on m'a tiré ?
Quel orbe étoilé,
Mille fois assailli,
Et mille fois souillé,
Mille fois souillé ?