Elle est plus triste que celle de Frédéric Chopin.
On l'entend pas dans les églises, l'dimanche matin.
Sa voix est lancinante comme celle d'un nouveau-né,
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
Elle n'est pas mélodieuse, elle n'est pas sérénade.
Elle ne sera jamais classée au Hit Parade.
Personne ne la retient. Elle ne fait pas danser,
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
On la joue humblement, sans tambours ni trompettes.
Aux quatorze juillets, elle n'est pas de la fête.
Son cri est inconnu de toutes les armées,
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
Eh ! Vous les pères lapins aux bruyantes marmailles,
La chair de votre chair n'est que chair à mitraille.
Ecoutez donc cet air quand vous forniquez,
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
Le temps de mettre bas bêtement, c'est fini.
Les vrais parents sont ceux qu'un petit a choisis,
Un petit qui appelle « Au secours, s'il vous plaît. »
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
Messieurs les Présidents, du haut de vos tribunes
Où coulent vos harangues et le sang à la une,
Il me semble qu'en sourdine, c'est vous qui entonnez
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
Ô gens de gauche de nulle part, ô, gens de droite,
Adultes charitables, esprits forts et coeurs moites,
Oyez dans votre orchestre cet air désaccordé :
La marche funèbre des enfants morts dans l'année.
Elle est plus triste que celle de Frédéric Chopin.
On l'entend pas dans les églises l'dimanche matin.
Sa voix est lancinante comme celle d'un nouveau-né,
La marche funèbre des enfants morts dans l'année