Ce ne sont pas les morts qui nous font le plus mal
Mais le chagrin de ceux qui restent,
Les morts s'en foutent, eux, ils se tirent, se font la malle,
Z'ont même plus besoin de leur veste,
Mais c'est nous qui restons là, nus,
Sur le dernier quai de la gare,
La main serrée sur le mouchoir
Qui ne s'agit'ra jamais plus
Qui ne s'agit'ra jamais plus.
Mon vieux chien est parti au firmament des bêtes,
Sur la planète des molosses,
Sans un pleur, sans un cri, il a tourné la tête
Vers le Paradis des nonosses,
Mais c'est moi, qui reste pendu
Derrière les barreaux de ma cage,
La main serrée sur le pelage
Que je n' caress'rai jamais plus
Que je n' caress'rai jamais plus.
Je n'te connaissais pas, toi, dont je lis te nom
Dans ce faire-part familial,
Toi, l'étranger défunt, imprimé tout au fond
De cette page du journal,
Mais c'est un peu moi, qui m'en vais,
A pas pesants, vers la lisière
De cette étrange clairière
Où, peut-être, il fait beau, qui sait ?
Où, peut-être, il fait beau, qui sait ?
Mes amours, mes amis, pourvu qu`on meure ensemble,
Au même endroit, le même jour,
Que le même traîneau nous prenne, nous rassemble
Pour le voyage au point du jour,
Pourvu qu'aucun de nous ne pleure
Ceux qui sont partis sans l'attendre,
Ceux-là qui sont partis s'étendre,
En douce, dans leur champ de fleurs !
En douce, dans leur champ de fleurs !
Ce ne sont pas les morts qui nous font le plus mal
Mais le chagrin de ceux qui restent,
Les morts s'en foutent, eux, ils se tirent, se font la malle,
Z'ont même plus besoin de leur veste,
Mais c'est nous, qui restons là, nus,
Sur le dernier quai de la gare,
La main serrée sur le mouchoir
Qui ne s'agit'ra jamais plus !
Qui ne s'agit'ra jamais plus !