Il faudra bien qu'un jour,
Au cadran de nos montres,
Il faudra bien qu'un jour
Enfin l'on se rencontre,
Sur le même chemin
Et vers la même gare
Et dans le même train...
Nous marcherons longtemps
Dans un désert de dalles
Feutré et transparent,
Dans une cathédrale,
Sous une voûte immense
Eblouie de vitraux
Tapissée de silence...
Il y aura du gazon
Sur les quais, des clairières,
Du vent doux à foison,
Sur les rails des rivières,
Des bosquets, des sous-bois,
Des champs de primevères
Blanches entre les voies...
Deux tous petits enfants
Debout à la portière,
Un curé de village
Ronflant sur son brévière
Et, vers nous souriant,
Une vieille proprette
Au coquet chignon blanc...
J'embrasserai enfin
Ta bouche et ton visage
Et tes cheveux tiédis
Et au premier matin
Nous resterons blottis
Contre les paysages
Enflammés des chemins...