C’est un air de flûte, la nuit,
Qui s’enroule au cou des brebis,
La tendresse,
Un vieux bouquin parcheminé
Qu’on lit devant la cheminée,
La tendresse.
C’est la colombe encore vaincue
Qui fait pourtant le pied de grue,
La tendresse,
Ce bel oiseau blanc déployé
Quand le désir est empaillé,
La tendresse...
C’est quatre notes d’un piano
Qui, bêtement font le coeur gros,
La tendresse.
C’est cette brute qui, soudain,
Éclate en sanglots dans ses mains,
La tendresse.
C’est, sur le quai de cette gare
L’émigrant qui cherche un regard
De tendresse.
Derrière les murs d’un lupanar,
C’est ce petit ticket d’espoir,
La tendresse...
C’est bien moins haut qu’votr’e Paradis,
C’est tout au fond du ventre enfoui,
La tendresse.
Ça s’apprivoise comme un renard,
Heure après heure, vingt ans plus tard,
La tendresse.
C’est ce qu’on avait en naissant
Lorsque l’on était innocent,
La tendresse.
C’est tout ce qui reste encore
Pour faire un pied d’nez à la Mort,
La tendresse.