On n'retombe jamais en enfance,
L'enfance, on l'a jamais quittée,
Ces vieux, qui vers l'hiver s'avancent,
Ont encore un pied dans l'été,
L'été de leurs grandes vacances,
Où bourdonnent les champs de blé,
Où les longs cheveux de Laurence
S'envolaient au vent de juillet...
On n'retombe jamais en enfance,
L'enfance, je l'ai jamais quittée,
Mon vieil ours en peluche danse
Sous vos lampions d'absurdité,
Et tous mes chevaux de manège
Blancs, à la crinière argentée,
Galopent encore dans la neige
De mes noëls décapités...
On n'retombe jamais en enfance,
Ma douce, ma tiède, mon bébé,
Tous deux blottis dans le silence
De quelque berceau dérobé,
On se tête et on se balance,
Comme deux jumeaux nouveaux-nés,
Dans le jardinet de l'enfance,
Où on s'ra toujours jardiniers.