"Demain, le Vent sera dans la rue, Monseigneur,
Le Vent sera dans la rue...
Regardez-le, il souffle les cierges vaticaneurs,
Regardez-le, il sèch'e la morve des usines,
Il décoll'e les affich'es infectes de voyeurs,
Regardez-le, il tord, il arrach'e les parkings
Et il plant'e à leur place des parterres de fleurs
Demain, l'Art sera dans la rue, Monseigneur,
L'Art sera dans la rue...
Regardez-le, il grav'e sur des pages en plastique,
Sur des livres en béton ses poèm'es à la craie,
Regardez, il joue Bach sur les places publiques,
Dans le métro il monte "Comedias del Arte"
Et y aura pas besoin d'vedettes au générique!
Demain, l'Amour sera dans la rue, Monseigneur,
L'Amour sera dans la rue...
Regardez-le, il passe en guirlandes de fleurs,
Regardez-le, il brille en colliers de trois sous,
En robes hindoustanes, en djellabas de sueur,
Regardez ces enfants qui s'aiment dans l'égout,
Nus, et qui font des pieds-de-nez à la pudeur!
Mais Demain, Monseigneur, Demain, tu s'ras à la rue..."