Ce soir, c'est fête. Ce soir, j'ai invité
Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini.
Autour d'un verre, au chaud dans ma chambrée,
On va se jouer une petite mélodie
Et sur les notes, on oubliera le monde,
Qui n'en finit pas de tourner.
De marches funèbres et de tombeaux en tombes,
On oubliera l'humanité.
Mozart se lève, me crie : « Par Jupiter !
Y a qu'chez toi qu'j'me sens moins poudré ! »
Le vin pétille dans les yeux de Schubert
Qui se fredonne L'Inachevée.
Ce soir, c'est fête. Ce soir, j'ai invité
Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini.
Autour d'un verre, au chaud dans ma chambrée,
On va se jouer une petit'e symphonie
Et sur les notes, on oubliera les femmes,
Qui n'en finissent pas de tourner.
De valses en Vienne et d'éventails en drames,
On oubliera même leur beauté.
Beethoven sourit en pensant à Elise
Qui ne répondait pas au courrier,
Et Rossini m'apprend qu'Sémiramis(se)
C'était "La pouta dou quartier".
Ce soir, c'est fête. Ce soir, j'ai invité
Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini.
Autour d'un verre, au chaud dans ma chambrée,
On va se jouer un p'tit Don Giovanni
Et sur les notes, on oubliera la gloire,
Qui n'en finit pas de tourner,
A la roulette des succès illusoires,
La gloire microsillonisée.
Rossini gueule : « Mon Barbier de Séville,
Par Toscanini dirigé,
Ma z'est oun bombe, ma z'est oune torpille,
Ma z'est oun toube, z'est oun souccès ! »
Ce soir, c'est fête. Ce soir, j'ai invité
Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini.
Autour d'un verre, au chaud dans ma chambrée,
On va se jouer un p'tit quintet en mi
Et sur les notes, on oubliera la mort
Qui n'en finit pas de tourner.
De l'ouverture jusqu'au dernier point d'orgue,
On oubliera l'éternité.
Demain y aura Mahler, Brahms et Schumann,
Pour faire plus longue la tablée.
Y a trop longtemps qu'la nobless'e mélomane
Se les était colonisés.
Ce soir, c'est fête. Ce soir, j'ai invité
Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini.
Autour du dernier verre, dans ma chambrée,
On va se jouer La Petite Musique de Nuit.