Je n’veux plus, dans ma tour d’ivoire,
Fair’e des grimaces à mon miroir.
Je n’veux plus, au fond de mon île,
Me r’garder pousser le nombril.
La solitude, c’est comm’e la mort :
Quand je suis plusieurs, je l’appelle
Mais quand j’suis seul, je rêv’e de ports,
De métros, de tours de Babel...
Des grandes tours cacophoniques
Avec de la foule, de la sueur,
Des étrangers, des claques, des cliques,
Et, autour de moi, la rumeur,
Et, autour de moi, la rumeur...
Je suis une presqu’île :
J’ai un bras vers la mer
Mais le coeur dans la ville
Et les pieds vers la terre.
Plus de Jersey, de Sainte Hélène,
Plus de manoir sans Frankenstein,
Plus d’idées noires sans personne,
Plus de nuits blanch’es sans téléphone.
La solitude, c’est comm’e la rage :
Quand j’suis plusieurs, j’me fais la paire,
Mais quand j’suis seul, je rêv’e de plages,
Corps contre corps, chairs contre chairs...
Des grandes plages polluées, même,
Avec de la foule, de la sueur,
Des goss’es qui braillent, des gens qui s’aiment,
Et, autour de moi, la rumeur,
Et, autour de moi, la rumeur...
Ce soir, dans le silence bête,
Je voudrais qu’un’e voiture s’arrête,
Assassin, vagabond, qu’importe,
Mais que quelqu’un cogne à ma porte.
La solitude, c’est comm’e nous deux :
Quand on est là, il n’y a personne.
Quand on est loin, on rêv’e d’être deux
À écouter le temps qui sonne...
Le temps qui pass’ra mieux quand même
Avec nos rires, avec nos pleurs,
Avec ton front sur mon front blême,
Et, autour de nous, la rumeur,
Et, autour de nous, la rumeur...
Je suis une presqu’île,
Les deux bras vers la mer,
Mais le coeur dans la ville
Et les pieds vers la terre.