Etait-ce pour un mélodrame
Que vous versât'es ces quelques larmes,
Pour la Strada de Fellini
Ou pour un Laurel et Hardy?
Etait-c'e pour une pièce triste
Ou pour un guguss'e sur la piste
Que vous laissât'es sous vos paupières
Filtrer deux petites rivières?
Larmes de joie, larmes de peine;
Mystérieus'es et tièdes fontaines,
Coulez, coulez le long des joues;
Le calme et la paix sont au bout.
Etaient-ell'es dues à la chatouille,
A une gifle, à une brouille,
A un chagrin, à un fou-rire,
Ces larmes que je vis jaillir?
Etait-ce dépression nerveuse,
Histoir'e grivoise, amours heureuses
Qui inondèr'ent votre visage
De cette pluie salée d'orage?
Larmes de joie, larmes de peine,
Mystérieus'es et tièdes fontaines,
Coulez, coulez le long des joues,
Le calme et la paix sont au bout.
Ces belles grosses larm'es de crocodile,
Provenaient-elles d'un bacille,
Etait-ce un rhume de cerveau
Qui vous fit pleurer comme un veau?
Ces jolis yeux qui vous picotent,
Etait-ce à caus'e de l'échalote
Que vous coupâtes simplement
Ou bien de la mort d'un amant?
Larmes de joie, larmes de peine,
Mystérieus'es et tièdes fontaines,
Coulez, coulez le long des joues,
Le calme et la paix sont au bout.
Les larmes sont comme la musique,
Fleuve qui roule, pacifique,
Tout autour, autour de la Terre,
Les hommes qui pleurent sont frères,
Les larmes sont internationales,
Si tu vois un Chinois qui chiale
Tu causes chinois à ton tour,
Les larmes sont langages d'amour...
Larmes de joie, larmes de peine,
Mystérieus'es et tièdes fontaines,
Coulez, coulez le long des joues,
Le calme et la paix sont au bout,
Messieurs, messieurs les mâles
Qui r'tenez vos glandes lacrymales,
Comme les enfants et les femmes,
Allez, laissez couler vos larmes