Parfois, quand je te surprends en train de songer,
Lorsque tes yeux me regardent, sans me voir au fond,
J'essaie vainement de deviner tes pensées
Et les doutes qui se cachent derrière ton front.
Je sens bien que déjà le procès m'est dressé
Mais avant de juger en ma défaveur,
Sache qu'une blessure que je t'ai infligée
A laissé deux cicatrices dans mon cœur.
Souvent je réentends les mots que je disais,
Comme si je surprenais une conversation.
Etaient-ce vraiment les propos que je tenais?
Aujourd'hui je ne leur trouve ni sens, ni raison.
Mais nul mot injuste n'a été prononcé
Sans que j'en ressente aussi une douleur,
Parce qu'une blessure que je t'ai infligée
A laissé deux cicatrices dans mon cœur.
Est-ce donc une mauvaise loi qui nous mène?
Qui nous conduit à traiter si cavalièrement
Ceux à quil il est facile de causer de la peine,
Qui se rendent vulnérables à nous aimer vraiment.
Mais s'il m'est arrivé de t'avoir humiliée.
J'ai dû doublement souffrir de mes erreurs,
Parce qu'une blessure que je t'ai infligée
A laissé deux cicatrices dans mon cœur.
Si j'ai dû te faire souffrir en apprenant
Que nul bien, que nul bonheur, n'est acquis pour toujours,
Qu'on ne peut demander sacrifice plus grand
Que celui qu'on s'engagerait à faire à son tour,
Pardonne maintenant, si tu peux pardonner,
Oublie le pire de moi, pour le meilleur.
Parce qu'une blessure que je t'ai infligée
A laissé deux cicatrices dans mon cœur.