Après tant d'années de classe, je fais un dernier devoir,
Le temps m'a fait retrouver la parole,
Et je me confie à vous qui étiez mon unique espoir
Lorsque j'étais «condamné à l'école».
Vous m'avez guidé parmi les récifs des machinations,
Les raz de marée d'intrigues scolaires!
Pardonnez-moi de vous appeler par votre prénom,
Mais je pense à vous tendrement, Claire!
Ils ont volé mon enfance, malgré tout j'ai fait le beau,
Pour un regard, un petit peu d'estime,
De mes professeurs qui ont piétiné de leurs gros sabots
De pédagogues, mon âme enfantine.
Et en voyant naître une petite personnalité
Ils l'ont assommée pour la faire taire,
Et si malgré tous leurs efforts ils ne l'ont pas brisée
C'est bien à vous que je le dois, Claire!
Que de matins j'ai porté la serviette du proviseur,
J'étais fort pour astiquer sa bécane!
J'ai tondu son gazon et j'ai fait les courses pour sa sœur
Mais sans jamais quitter le bonnet d'âne.
Il est vrai, depuis longtemps, j'étais classé individu
D'une nullité extraordinaire.
Mais le jour des examens une voix dit: «Il est reçu!»
Qui de nous deux avait triché, Claire?
Si l'arbuste est devenu un arbre qui a poussé droit,
Sans fléchir sous le vent de leur malice,
Si j'arrive même à sourire en voyant derrière moi
Les humiliations et les injustices,
C'est bien grâce à vous, je sais, et avant de fermer ici
Les cahiers de mes souvenirs scolaires,
J'ai voulu vous écrire ce mot pour vous dire merci!
Je pense tendrement à vous, Claire!