Le soir ensevelit doucement la maison,
La paix descend dans la pénombre,
Une longue journée s'éteint à l'horizon,
Il fait bon dans la chambre sombre.
Tu es venu avec tes rêves préférés
T'enrouler en chien de faience
A mes pieds, bien en face de la cheminée,
Et tu ronfles avec endurance.
En dormant tu agites tes pattes parfois.
Est-ce le lièvre qui t'agace?
Il était toujours un peu plus futé que toi,
Mais cette fois tu le pourchasses:
Cette fois tu l'attrapes sans effort du tout,
Eh oui, tu le démolis presque,
Mais tu lui rends la vie qu'il t'implore à genoux,
Etant un chien chevaleresque.
Ou est-ce la facteur que tu as aperçu
Avec sa mobylette jaune?
Il t'apporte un paquet avec du jambon cru
De ton neveu Yves de Bayonne.
Alors mon vieux que ce colis est bien tombé
En pleine crise alimentaire!
Car le sol, sur les os que tu as enterrés
Est gelé dur comme la pierre.
Ta truffe noire luit en reflétant le feu
Comme passée à la peinture.
Dans tes rêves tu sors superbe et généreux
En vainqueur d'autres aventures.
Peut-être inventes-tu toute une symphonie
D'odeurs exotiques et étranges:
Tarte Tatin et bouc, en parfaite harmonie,
Souris et canard à l'orange.
Dehors il s'est mis à neiger de gros flocons,
Qui dansent dans la lueur pâle:
Et bien, demain tu vas faire de grands yeux ronds
Lors de ta ronde matinale.
Jusque-là, rêve de printemps, de jours plus doux,
De randonnées en abondance,
Quand écureuils, souris, lapins, canards... et nous
Commencerons la transhumance.
Un autre soir d'hiver s'enfuit
Allez vieux frère, bonne nuit!