Une poignee de mômes et de chiens dans la cuisine.
Le facteur vient faire le beau devant ma cousine.
Grand' mère qui ronronne en lavant les radis.
Vite, on met la table et ça y est, c'est reparti!
Le rôti au four et du vin rouge dans mon verre.
Pas un coin où j'aimerais mieux être sur la terre,
Les pieds dessous la table et la fourchette en main:
Au pays chez Jeannette et Martin.
Le bureau devant moi, plein de paperasses.
Aujourd'hui, c'est le grand jour où je les classe.
Vais-je commencer par derrière ou par devant?
Je m'en fous, moi, je range pour le plaisir du rangement!
Je fais des p'tits tas de différentes tailles,
Ah! Ça c'est de l'ordre, qu'est-c' que je travaille!
Ouand soudain l'image du bureau se fait floue
Pour ceder la place à un charmant tableau bien plus doux:
Une poignée de mômes...
Autoroute A7, depuis plus de deux heures
Rien ne bouge plus, je piétine et je pleure.
Que c'est bon d'entendre dans les informations
La déviation qui permet d'éviter ce bouchon!
Fini le thermos, finies les cacahuètes!
Ras-le-bol de l'unique musicassette!
Sur les ondes, un opéra, c'est le désespoir!
Ouand à travers le pare-brise il me semble apercevoir:
Une poignée de mômes...
C'est une assemblée d'une extrème importance,
Je m'ennuie à mort dans cette conférence,
Et crevé par l'effort de dire: «Aha! Et tiens!»
Je me suis déjà assoupi trois fois sur mon voisin.
Je ne pense plus. Je ne comprends que dale!
J'en perds la partie de bataille navale.
Je me lève pour lancer dans la discussion:
«Qui de ces messieurs voudrait me porter à dos à la maison?
J'ai une poignée de mômes...»